Maintenant que je vous ai convaincu que l’alimentation était un moyen d’agir contre le changement climatique, vous devez vous demander par où commencer. Nous allons voir dans cet article quels sont les principes de base à avoir en tête.
Si l’on prend comme clé d’entrée la notion d’impact carbone, voilà quelques « grandes masses » qui vont nous aider à prioriser nos actions :
• 67% des émissions de GES de l’alimentation sont liées à l’agriculture en tant que telle : il va s’agir ici de réfléchir à nos choix alimentaires.
• 19% des émissions de GES de l’alimentation sont liées aux transports : cette fois, c’est de la provenance des produits que l’on consomme dont on va se préoccuper.
• 6% des émissions de GES de l’alimentation sont liées à la transformation alimentaire : ici, c’est donc le type de produit consommé (plus ou moins transformé via des processus industriels) qui va avoir un impact.
Source : rapport ADEME « l’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France »
Penchons-nous à présent sur les actions concrètes que l’on va pouvoir mettre en œuvre pour réduire l’impact environnemental de notre alimentation dans chacun de ces domaines :
1. Nos choix alimentaires
C’est LE levier principal sur lequel agir, et c’est probablement celui par lequel je vais perdre mon lectorat d’amateurs de viande…. Eh oui, car si votre transition alimentaire doit commencer par un point, c’est bien celui-là : la viande ! Et en particulier la viande rouge. Retenez ce chiffre : il faut environ 13 000 litres d’eau pour produire 1 kilo de bœuf, contre 50 litres seulement pour 1 kilo de légumineuses. C’est vertigineux ! Ajoutez à cela les enjeux de déforestation et de maltraitance animale dans les élevages (l’association L214 a fait beaucoup pour attirer l’attention des citoyens sur le sujet), et vous comprendrez que c’est un sujet sur lequel on ne peut plus faire l’autruche. Il ne s’agit pas pour moi ici de faire la promotion du véganisme ou du végétarisme à tout prix, mais je souhaite encourager la prise de conscience : manger un steak ou une tranche de jambon n’est pas un acte neutre. A titre personnel, je me suis rendu compte que je consommais de la viande « par habitude », parce que c’était nécessaire – soi-disant – à un repas équilibré. Mais, en y réfléchissant un peu, le blanc de poulet que je faisais griller dans la poêle ne m’apportait pas franchement un grand plaisir gustatif, je pouvais facilement m’en passer. Par ailleurs, nous savons aujourd’hui que nous n’avons pas besoin physiologiquement de manger de la viande à chaque repas, au contraire. Vous l’aurez donc compris : l’alimentation responsable commence donc par le fait de réduire sa consommation de viande, et en particulier de viande rouge. Il conviendra également de veiller à sa provenance : dans la mesure du possible, privilégier les viandes labellisées (les labels ne sont pas toujours irréprochables, mais c’est un moyen utile pour faire des choix un peu plus éclairés) et les acheter chez un boucher plutôt que dans une barquette au supermarché. Pour faire simple : en consommer moins, mais de meilleure qualité.
Le second levier d’action en terme de choix alimentaires consiste à essayer autant que possible de manger Bio. En effet, les pesticides utilisés dans l’agriculture conventionnelle imprègnent les sols, les rendent moins fertiles, et portent atteinte à la biodiversité. Ils tendent également à appauvrir les qualités nutritionnelles des ingrédients. Alors oui, le Bio, c’est plus cher, donc cette transition n’est pas évidente pour tout le monde. Mais les prix tendent à baisser de plus en plus avec la démocratisation de ce mode de production donc allez-y progressivement (et – par pitié – n’achetez pas de tomates d’Espagne Bio emballées dans une barquette en plastique en plein mois de janvier, c’est un non sens absolu !!).

2. La provenance de nos denrées
C’est tout simple : si vous achetez des produits qui viennent du bout du monde, le transport jusqu’à chez vous émet des gaz à effet de serre. Basique. Donc concrètement, pour réduire son impact, on veillera ici à :
• Privilégier les produits locaux, idéalement en circuit court (autrement dit, les produits qu’on achète directement auprès des producteurs) : c’est bon pour l’économie locale et pour la planète.
• Manger des fruits et légumes de saison : s’ils sont de saison, ils sont cultivés dans votre pays ou idéalement votre région. Donc ils voyagent moins. Vous trouverez très facilement des petits mémos avec les fruits et légumes à privilégier en fonction de chaque mois de l’année, par exemple ici. Alors n’hésitez pas à vous en servir si vous avez un doute.
• Un excellent moyen de combiner facilement le fait de manger Bio, local et de saison, c’est d’adhérer à une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), le fameux « panier de légumes » que l’on va chercher chaque semaine à côté de chez soi. J’y reviendrai plus en détail dans un article dédié.
3. Le type de produits consommés
Les produits alimentaires transformés (plats « tout prêts », biscuits industriels etc) ont un impact carbone lourd et sont en outre nutritionnellement moins intéressants (car on y retrouve souvent des traces de produits chimiques et qu’ils ont une teneur en nutriments moindre par rapport à un plat préparé avec des produits frais). Par ailleurs, ces produits sont généralement conditionnés dans des emballages en plastique, pas toujours recyclables (le meilleur déchet étant de toutes manières celui que l’on ne produit pas, mais c’est un autre sujet). Donc, dans la mesure du possible, on essaiera de les limiter.
En synthèse, voici le B.A.BA de l’alimentation responsable, qui correspond aux principes du régime flexitarien recommandé par l’OMS et la FAO (Organisation pour l’Alimentation et l’Agriculture des Nations Unies) :
– Réduire sa consommation de viande, en particulier de viande rouge
– Privilégier les produits Bio et non transformés
– Manger des fruits et légumes de saison, idéalement locaux
Ces 3 critères sont considérés aujourd’hui comme les conditions auxquelles notre planète parviendra à nourrir 9 milliards d’habitants à horizon 2050. Sans cela, les inégalités et le changement climatique ne feront que s’accroitre. Vous comprenez donc je l’espère un peu mieux la nécessité de la démarche. Je vous donne rendez-vous dans mes prochains articles avec de nouvelles recettes notamment, afin de vous démontrer que manger responsable, ca peut quand même être très bon !
« L’alimentation durable dont il est question est censée protéger notre santé, notre environnement et la diversité culturelle de la planète, mais aussi être viable sur le plan économique et social. »
Source : Conservation Nature